Manifeste

Ce manifeste est le fruit d’un travail collectif mené depuis mars 2015 par un groupe pluriel, issu de parcours et milieux d’origine divers, réuni à l’occasion de plusieurs rencontres sur l’enjeu des communs territoriaux, notamment autour du partage de l’expérience territorialiste italienne.

Dans un contexte de crises généralisées (démocratique, sociale et écologique), de marchandisation des ressources naturelles, biens et services, les Métropoles sont les nouveaux avatars territoriaux du progrès moderne. Dans un monde présenté comme le théâtre d’une compétition mondiale sans merci où seuls réussissent les territoires les plus « attractifs », elles incarneraient le modèle de développement le plus abouti, conciliant qualité des espaces de vie, exigences de performance des investissements privés, ainsi que rayonnement économique et culturel.

Ce manifeste est une alternative critique et propositionnelle à cette vision héritée de la pensée productiviste de l’aménagement du territoire. Il revendique le territoire comme le « lieu » (de vie, de ressources, de culture, etc.) et entend repenser (repanser) la relation que nouent les sociétés humaines, entre elles et à l’environnement.

Il est né d’un constat, porte une conviction, poursuit un objectif et développe des actions.

Notre constat est que l’anthropocène remet profondément en cause notre rapport dual au monde où l’humain serait le seul sujet et l’environnement une somme d’objets. Il nous oblige à reconsidérer nos cadres de pensée et d’action, fondés sur la promesse d’un progrès technique qui échapperait à tout déterminisme naturel. Le réchauffement climatique nous rappelle pourtant l’insoutenabilité de nos modes de vie, que les temps de l’homme et celui de la nature sont bien confondus, nous obligeant en retour à recomposer notre milieu.

Notre conviction est que les territoires sont les espaces-temps de la (re)construction de la relation humains/environnement. Ces territoires doivent pour cela permettre une réappropriation des milieux dans lesquels les acteurs vivent, par un objectif d’auto-développement soutenable. Le territoire est alors géré à la fois comme un bien commun (ni public, ni privatisé) et comme un monde commun où s’expérimentent de nouvelles pratiques socio-écologiques, économiques et politiques, et ce autour d’une dynamique unissant les communautés humaines et leurs écosystèmes selon un principe d’autogestion responsable. Cette dynamique s’inscrit dans une vision de solidarité inter-locale, de coopération entre territoires à l’échelle planétaire. Elle implique un engagement renouvelé de chacun-e à travers ses gestes ordinaires et ses pratiques sociales, dans des modes de vie quotidiens et des imaginaires de la transformation, ou encore dans des enquêtes de terrain et des formes inventives de recherche-action.

Notre objectif est de faire connaître les initiatives qui se multiplient en réaction à la métropolisation, et de démontrer que ces expérimentations représentent une manière alternative et constructive de (ré)habiter la terre, en réaffirmant notre appartenance au milieu terrestre comme biorégion : éco-lieux et leurs communautés existentielles, fermes sociales et la diversité de leurs partages, monnaies locales et leurs réseaux de proximité, nouvelles formes d’auto-gestion et leurs auto-constructions…

Nos actions cherchent à faire connaître (par l’information et la mise débat, les croisements d’analyse et la mise en recherche…) cet enjeu autour des communs territoriaux. Nous appelons chacun-e, individuellement ou collectivement, à partager ses réflexions, approches et expériences, à articuler ses initiatives et à produire des savoirs et savoir-faire nouveaux pour refonder l’agir territorial.

À cette fin, notre réseau développe des actions dans différentes régions françaises, anime ce site et nourrit des échanges étroits avec le réseau italien fondateur du mouvement.

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