
La commune de Saint-Romain-au-Mont-d’Or se situe en périphérie du territoire métropolitain lyonnais. Au regard des projets d’urbanisation et de densification annoncés sur les communes environnantes, des habitant·e·s saromagnot·te·s ont créé une association, ASUR, qui leur permet de réfléchir collectivement au devenir de leurs espaces de vie. Ces projets d’urbanisation, portés par des promoteurs privés, sont l’exemple même de la tension exercée sur ces territoires particulièrement attractifs, où l’avancement du front urbain par artificialisation et densification, en d’autres termes par l’urbanisation que le mouvement métropolitain engagé veut généralisée, se font particulièrement sentir.
Proposer d’accompagner les habitant·e·s de Saint-Romain dans cette réflexion (parfois conjointe avec les communes alentour) sur leurs espaces de vie et leurs devenirs, sur les manières de vivre et leurs singularités, c’est aussi permettre d’appréhender ces territoires périurbains complexes dans leur relation avec les politiques locales et métropolitaines qui leurs sont globalement imposées. C’est donc également une possibilité de questionner de manière critique un urbanisme de projet, et plus particulièrement dedans, les formes et orientations de l’action métropolitaine, et ainsi l’occasion d’expérimenter collectivement une nouvelle manière d’aborder la mise en espace des activités humaines, à rebours de l’urbanisme technique et de la planification descendante des concertations du post-it.
Nous proposons ici de croiser 1/ les expériences et ressentis des habitant.e.s, leurs raisons d’habiter et manières de vivre ces lieux, de se les approprier et de les revendiquer avec 2/ ceux de l’instance métropolitaine d’un côté et des pouvoirs locaux de l’autre qui globalement soutiennent les dynamiques métropolitaines de densification, de peuplement différencié (si ce n’est inégalitaire) dans ces espaces singuliers que constituent les franges et lisières d’agglomérations. Le cas précis qui est porté à notre attention cherche à contrer l’imaginaire de la promotion immobilière ne voyant l’espace considéré que comme une réserve foncière pour accueillir à grands rendements un nombre toujours plus important de nouveaux habitants ; mais plus globalement c’est sur une avancée métropolitaine croissance et forcée, à l’échelle d’un ensemble des territoires qui présentent d’autres formes de vie et offrent d’autres cadres de vie, que la réflexion doit à ce jour porter.
Outre les manières d’habiter lieux et territoires, la question du rapport aux institutions est alors ici également primordiale. Les habitant.e.s se sont inscrit.e.s dans un premier temps dans la lutte institutionnelle classique en engageant des recours juridiques ou en interpellant directement les élus. Aujourd’hui, il s’agit de réfléchir à comment faire autrement, en cherchant à s’émanciper, au moins pour partie, de l’injonction des institutions déjà en place. Plus encore, à plusieurs reprises les habitant.e.s évoquent les luttes des communes alentours, contre des projets similaires qui ont parfois déjà vu le jour. Se dessine alors une véritable solidarité intercommunale qui nous permet d’imaginer une autre organisation de l’action à l’échelle du grand territoire, correspondant bien plus à des affinités et à des aménités, à une cohérence plus large des lieux de l’habiter voire, pourquoi pas, qui ferrait advenir la construction d’un réel polycentrisme sur la base des différents foyers de revendications mis en commun.
Cette autre manière de penser et de faire l’action nécessite d’aborder alors l’espace de manière bien différente. Plutôt que d’aménager un projet urbain, cette lutte ne serait-elle pas l’occasion d’engager une démarche de ménagement et de tempérance des lieux à l’échelle des territoires de Saint-Romain et de ses alentours. Une lutte contre un projet d’aménagement peut être l’occasion de redéfinir collectivement un dessein pour son territoire, une vision alternative et partagée, différente de celle que proposent les institutions et la promotion. Il nous faudra alors, à la croisée des manières de vivre et de l’organisation démocratique, explorer les rapports à ce qui fait lieu de vie, à l’habiter de l’espace (notamment sous l’angle écologique) et aux modalités démocratiques des choix politiques affectant le grand territoire de Saint-Romain-au-Mont-d’Or.
Après un temps d’immersion et de com-préhension (prendre avec soi), des entretiens individuels et collectifs seront organisés, associant également d’autres localités et leurs associations, pour in fine produire de manière réellement participative une cartographie des vécus et enjeux propres au ménagement.
(http://geographiesubjective.org/Geographie_subjective/geographie_subjective.html)
Remarque : Plusieurs publics pourront être intégrés aux discussions et à l’enquête, notamment les enfants qui sont parties prenante du territoire, qui le vivent et le ressentent. Ils sont donc une aide importante pour comprendre les dynamiques territoriales et le lien à l’environnement. Ce sera aussi l’occasion de mettre à l’épreuve ces réflexions en associant certains membres du réseau des territorialistes français au projet.